Ce que retient la mémoire des rives

29.6.21

Il passe son temps à nettoyer les bords de l’eau. Cette eau vive après les pluies charrie tout un tas d’immondices, de branches, de boue mélangée aux herbes, mélasse qui s’agglutine et fait barrage. Il faut, dit-il, créer le passage à grands coups de pelle, élaguer les arbres pour éviter que ne s’ajoutent des branches aux branches venues d’ailleurs, de la mélasse à la mélasse des montagnes. Son front porte haut dans ces moments-là. Il est le sauveur des eaux avant qu’en été, elles ne se taisent. Que le ruisseau s’éteigne. Que l’eau ne courre plus, qu’elle laisse place à une terre sèche parcheminée de crevasses. Certains lui disent que son travail ne sert à rien, qu’il faut laisser faire la nature. Que l’eau passe et se calme. Mais rien n’y fait, il passe son temps à nettoyer les ravines. 
Il sait ce que retient la mémoire des rives. 

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