Si on était bons

9.6.21

15h55
 
La journée a des couleurs changeantes. Le soleil court autour de la pièce comme s’il voulait tour à tour poser son faisceau sur un poste, une personne, un écran. Chacun a droit à son problème de réverbération, puis de scintillement de l’écran à l’œil, de l’œil à l’écran.
Gloire à mon collègue d’en face que la lumière aiguë coiffe d’une sorte d’auréole juste au moment où, agacé par une erreur de production qui lui saute aux yeux, il se lève d’un seul bond. Mi-ange, mi-démon, du sang sous les paupières, les bras levés au-dessus des bureaux, il souffle sa colère à toute l’équipe surprise par sa saute d’humeur.
Le ciel bascule, l’ombre mange la lumière, les têtes plongent sous les écrans et on entend monter depuis une autre pièce attenante une voix sereine et claire : « Du calme, si on était bons, on ne serait pas là. »

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