La femme au balcon XIX

26.2.22

Ce matin, je découvre que les volets se sont rouverts. Je n’ai vu personne sur le balcon. Cela s’est passé dans la nuit, certainement. Dans la rue, le vent circule plus vite que les voitures et affole les vitres. J’y vois trembler quelques reflets. Sur la fenêtre de la voisine mais aussi sur celles des autres. La rue tremble et personne ne sort au balcon. Au souffle du vent proche du sifflement, comme s’il devait se frayer un chemin dans quelque tuyauterie, s’ajoute le bruit d’une scie circulaire qui longe le trottoir et vient s’écraser dans toutes les oreilles du quartier. Je songe à cette propension qu’ont les gens à bricoler très tôt le samedi matin. Qu’est-ce qui les pousse à emmerder le monde comme ça ? Quels sont leurs motivations ? De quelle vengeance sont-ils habités ? Se rendent-ils compte qu’ils empêchent les gens de sortir à leur balcon ?
La combinaison du vent et de l’incurie matinale de la scie fait que la femme au balcon ne sort pas. Faisons avec ou plutôt sans. Je sais déjà qu’elle est revenue.

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