La femme au balcon XXXI
24.3.22Depuis quelques mois déjà, c’est un peu comme si nous vivions à deux. Je nous fais l’effet d’un vieux couple qui ne se parlerait plus. Et je me surprends parfois à penser que ta voix me manque alors que tu ne m’as jamais parlé. L’effet d’un couple qui, au fil des années, garde un attachement mais fait balcon à part. Tu comprends bien que cela ne peut pas durer. Il faut qu’on se convoque autour d’une table. Il faut parler. Crever l’abcès. On ne peut plus continuer comme ça. Je propose une réunion avec tes enfants. On leur parlera calmement mais clairement.
On pourrait commencer par leur dire ces mots, cette phrase simple : « Les enfants, je sais, ça va être dur, mais les deux inconnus des balcons doivent se séparer ». Il faut se rendre à l’évidence et à notre liberté. Nous, les balcons, les cigarettes, les regards croisés, les hésitations, les faux-semblants, les « je t’ai vu mais je t’ignore » : c’est fini. C’est mieux comme ça. Je ne regarderai plus par la fenêtre. Et toi, si tu pouvais arrêter de fumer, ça m’aiderait.