La femme au balcon XL

22.4.22

On sait tous les deux qu’entre nous, rien n’est possible. On ne le veut pas. Il y a une sorte de barrière : le balcon puis la rue bien sûr mais aussi cette zone immatérielle, une bulle intime que l’on ne veut surtout pas percer. 
Il arrive tout de même que trop proches, lorsque tu sors, lorsque je sors, lorsque nous sommes en face à face sur nos balcons respectifs, il arrive que la bulle se tende comme un ballon de baudruche prêt à éclater. Dans ces moments-là, on sait retirer l’air à l’intérieur du ballon, retenant notre propre air, notre propre respiration ; les sourires viennent dissiper le malaise et déclinent les prises de parole qui pourraient advenir si on se laissait aller à trop de sociabilité. On souffle, on regonfle un peu nos bulles jusqu’à la limite du soutenable. On esquive les regards et la pression entre nos deux zones retombe. Nous pouvons nous retirer sans encombre de ce mauvais pas. Comme deux inconnus qui tiennent à le rester, lentement, en emportant nos désirs retenus.

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