Dernière note

6.5.17

J’ai eu le temps de chercher les mots pour l’écrire. Des années durant lesquelles, toi, tu continuais à mourir insouciant à mes tourments. J’ai taillé des phrases dans le gras de ma peine, des coulées de chagrin à m’en rendre malade. J’ai rassemblé les mots, cousu le corpus de fils dorés dans l’espoir qu’un jour il devienne cadeau. Les mots lâchés sur le blanc du papier ont taillé leur chemin sans plus de commentaire que ton silence. Je n’ai jamais eu ta facilité à me taire, à vider les mots de leur complexité. Je m’embrouille devant toi, mes mots se vident à trop vouloir creuser. J’ai le sentiment que je n’arrive pas à faire passer ce qui m’importe. Alors, aujourd’hui, je prends le parti d’en délester la peur.
Je fredonne des airs d’hier pour qu’on existe encore entre quelques sonnets légers. Pour que les mots s’impriment au-delà de nos fêtes défuntes. Pour que les refrains entêtants voient le jour déplier sur ta tombe les ombres en chœur. Pour que la joie aussi fragile que la dernière note d’une portée ne cesse de guider le cours de mes lettres déchirées, jusqu’à suspendre la conversation dans ton éternité.


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