L'homme de peu XIV
14.1.22XIV
Alors que tous les matins
se lève un brouillard blasé,
que dans ma chair une forêt
couvre la peur de ses ramées,
c’est au bruit de tes godillots
crottés de boue et d’ennui,
qu’une rumeur animale réveille
le souvenir de lourds regrets,
comme le sanglier creuse
la fange à la recherche de l’aube,
toujours aux frontières
de la terre et des ténèbres
à secouer l’absence cynique
séparant ton corps des mots.
Pourtant elle est encore là
ton ombre douce qui joue
au bord du jour, à guetter
dans le vent quelques mots
pour crever le silence
de ta présence brutale.
Depuis des lunes à te rouler
dans les mares de pluie,
chaque lumière est un espoir
à prolonger comme un rêve blessé
pour un peu de paix dans ton auge.