Chère application - 1er juillet

1.7.22

Chère application,

Vendredi 1er juillet. Le voisin murmure et je l’entends. Je n’avais jamais remarqué le murmure du voisin. Il parle si bas que je suis étonné de l’entendre. Le mur qui nous sépare est pourtant très épais. Les bruits de la rue devraient couvrir sa voix. Mais non, aujourd’hui, j’entends murmurer le voisin. Il doit téléphoner car je ne décèle pas de réponse, aucun interlocuteur à côté de lui. Il est seul et chuchote à quelqu’un loin et puis à moi aussi qui maintenant l’écoute, essaie de déchiffrer les frisotis de sa voix. 

Vendredi 1er juillet. Elle est étrangement basse, sa voix. Grave et basse. Il n’articule pas, il lance des sons qui rebondissent sur les murs, gonflent mais ne trouvent pas de sens. Ils se cognent, me cognent et éclatent comme des bulles de savon. Un mot, un son, un soupir, une respiration, un sourire, un claquement de langue, une hésitation, un regret, un sanglot. C’est incompréhensible et à la fois si humain. 

Vendredi 1er juillet. 
L’air du matin a un goût 
de noisette et de pomme. 
Ça s’accorde bien avec le café
et la dépression du voisin. 

À demain, chère application.

Dans le même tiroir