Chère application - 17 octobre

17.10.22

Chère application,

La lumière est faible, ce matin. Si j’étais un humain pourvu de fonctionnalités améliorées, je claquerais des doigts pour augmenter l’acuité de mes yeux. Si j’étais un humain augmenté, faire son lit, le ménage ou à manger ne serait plus une corvée. Il n’y aurait qu’à battre des cils pour effectuer ces tâches. Les cils sont un exemple — une personnalisation des gestes ou des paroles serait bien entendu prévue. Chacun pourrait battre de ce qu’il veut et même, n’en avoir rien à battre. 

L’humeur est faible, ce matin. Dans les outils à la disposition de l’humain augmenté, une option Booster d’humeur sera proposée. Un antidépresseur numérique mais sans accoutumance. Une intelligence artificielle connectée à une gigantesque base de données sera chargée de recenser tous les types de sautes d’humeurs, de la grosse tête de con au cyclothymique vicieux en passant par tous les égarés de la relation sociale. Dans tous les cas, on n’y verra que du feu. L’IA embellira sans dénaturer. Une autre réalité dans la réalité, sans baisse de tonus ni contrariétés. Tout cela d’un simple battement de cils. 

L’imaginaire est faible, ce matin. 
L’humain diminué que je suis ne croit pas beaucoup à l’humain augmenté. Je fais bien plus confiance à l’oiseau posé en ce moment sur le rebord du balcon. Son pépiement sous le réverbère suffira à mon jour. 

Bien à toi, chère petite IA.

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