10 minutes, près des trois Grâces

21.12.22

Je laisse les autres bouger,
déambule sur place.
Près de la fontaine
des trois Grâces,
le soleil d’hiver a quitté 
son manteau.
Les écharpes 
traînent par terre. 
J’ai pris un double-café. 
Il va bien avec mon rhume. 
Je laisse les autres bouger. 
Ce jour n’est pas pour moi.
Malgré la douceur.
Malgré le double-café. 
Malgré la serveuse et son sourire.
Une guitare joue faux
des mélodies trop sucrées.
Je reprends un café pour l’amertume.
Je compte le nombre de va-et-vient
aux tables voisines. 
L’allure des gens, 
leurs mines et les vêtements
qui tombent
de leurs corps tendus. 
La guitare se tait,
un chapeau passe
avec des piécettes dedans,
elles sonnent faux. 
De vagues regards,
des ombres fiévreuses. 
J’éternue des promesses,
le chapeau repart,
le soleil baisse,
les écharpes remontent
aux cous
comme des reptiles. 
Je laisse les autres bouger.

Dans le même tiroir