Cette façon qu’ont les gens

26.2.23

Cette façon qu’ont les gens tout juste assis à la terrasse d’un café d’être gênés. Légèrement mais ils sentent bien une tension au moment de prendre place - la plupart du temps à une table où se trouvent déjà des verres des tasses, des restes des occupants précédents : leur ticket de caisse, paquet de cigarettes écrasé dans le cendrier, de l’eau malencontreusement versée quand il a fallu sortir le sachet de thé de la tasse ou que le verre de bière frais a formé de la condensation avec cette chaleur, ce beau soleil d’hiver qui commence à chauffer sur la terrasse - sur cette terrasse où décidément les gens sont bien gênés lorsqu’ils s’attablent en attendant la délivrance, parfois de longues minutes, délivrance qui n’arrive qu’avec le serveur et qu’après que celui-ci a débarrassé vite fait la table sur son plateau instable - là encore lors des opérations de débarrassement, la gêne la tension sont palpables, il ne faudrait pas avoir déposé quelque chose sur la table, par inadvertance, et que le serveur, dans son empressement, prenne cette chose sur son plateau et disparaisse à jamais, sans prendre la commande car bon c’est le feu aujourd’hui, dimanche quasi printanier sur la place gavée de soleil sur laquelle des quantités extravagantes de gens gênés défilent depuis des heures sans discontinuer – oui, néanmoins cette façon qu’ont les gens d’être gênés reste étonnante.

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