Il fait bien l’avouer

L’œil agacé par le soleil 
tourne autour d’une idée folle. 

La pensée parle trop haut,
divague puis se perd en écume. 

Bien que les apparences
et mon corps soient contre moi,

il faut bien avouer aux oiseaux 
qu’ici je travaille à m’oublier.

2018
  • 30.11.25

Ou bien juste

Ce soir est une coulée
rouge vif dans l'ouverture
blanche et poreuse
que crée un nuage.

Un passage pour le désir
accoudé au zinc du ciel
ou bien est-ce juste un mirage 
que le nuage va vite désosser.
  • 28.11.25

Vous en doutez ?

Le doute est une fatigue 
face à nos certitudes 
bien plus légères à porter. 

Le doute est aussi une route
au petit matin quand rien
n’éclaire l’envie d’aller. 

Remettre son doute
comme le métier sur l’ouvrage
reste un beau rempart à la bêtise.

2021
  • 27.11.25

Pour toujours

Il y a toujours cette lumière
particulière, les jours de pluie. 

La rue revêt sa toile cirée,
Les contrastes bougent sur les balcons. 

J’allume une pensée pour donner
le change au jour qui fatigue. 

La rue sort de ma fenêtre,
il va peut-être pleuvoir pour toujours.
  • 25.11.25

Humble présent

À mesure que le jour baisse,
homme acquis à la courbure,
tu lis enfoncé dans ton fauteuil
prêt à accueillir la montée du soir.

À cette ombre sans emphase,
lasse de tout temps recommencer,
tu laisses un espace dans la page,
humble présent sous la phrase.

2024
  • 23.11.25

Midi

Midi sonne au clocher,
un tramway lui répond ;
quelque chose remue
dans leur dialogue,
une langue à inventer. 

Trilles contre corps
pour accords nouveaux,
leur écho de loin en loin
comme seul remède
à l’hiver qui s’installe.
  • 22.11.25

Étonnement

L’heure est assise
sur le bord de la fenêtre,
à compter ses atermoiements. 

L’œil de la lampe
à travers la vitre
lui lève un sourcil d’étonnement. 

Le jour descend lentement 
renvoyant à la nuit 
des questions sans réponses.
  • 17.11.25

La bille

J’écoute le vacarme du monde
que l’on jette à tous les balcons,

le bruit incessant des voix
comme des bottes sur le pavé

mais j’entends aussi l’enfant,
la bille qui de sa main glisse,

ce petit rebond sur les carreaux,
cette harmonie infinie dans le chaos.

2018
  • 15.11.25

Sous les routines

Parfois quelque chose remue
dans l’anodin des jours.

Un mot plus léger que les autres
apparaît dans un courant d’air.

Dans le bâillement d’un rideau,
une douceur caresse un désir.

Juste le temps d’en sourire
que tout disparaît sous les routines.

2019
  • 14.11.25

La saison des buées

C’est le début
de la saison des buées.

Sur la vitre
la marque de tes doigts,
je souffle dessus 
pour en préciser le contour. 

Lentement s’effacent
nos pensées 
— le jour peut rester gris. 

  • 10.11.25

Brume

Ce matin, j’aurais eu vite fait
de me perdre dans la grande brume,
hésitant sur le pas de la porte,
craignant d’y trouver
autre chose que moi ;

s’il n’y avait eu 
(est-ce une chance ?)
mon corps qui avance,
et fait le premier pas. 

On marche, mon corps et moi
petite densité
dans la rue sans fond,
brume d’intimité
où le grand tout s’agglomère 
et me retrouve.
  • 9.11.25

Dans le dos du ciel

Une main dans le dos du ciel
dessine au fusain l’esquisse
d’une fosse où sombrera le jour.

L’autre main porte la nuit jusqu’à toi 
qui attends quelque miracle
derrière une fenêtre sans fin.

2017
  • 7.11.25

J’écris pour rien

Le jour n’est pas fini,
que déjà je le pousse
pour m’assoir à sa place. 

J’imagine un soir de cheminée
de fauteuil, avec un bon livre
pour oublier le mauvais sang. 

Le jour n’est pas fini,
j’écris pour rien
juste pour que les jours
continuent de finir
  • 1.11.25