Lettre à un inconnu

5.10.09

Les vases communicants sont des moments de rencontres, de découverte de nouveaux univers, d’autres blogs, d’autres écritures. La session de vendredi dernier a été très riche. J’ai décompté 11 échanges, soit 22 textes. Je me suis notamment arrêté sur le billet de Pascale Petit auteure et blogueuse sur Tors-up qui a échangé avec Anna de Sandre de Biffures chroniques. Il s’agit d’une annonce étonnante d’un homme à une femme inconnue. Je vous invite bien sûr à lire ce billet avant de lire la suite. J’ai commenté en lançant l’idée qu’une réponse à cette annonce serait sympathique. J’ai dans un permier temps refusé de le faire moi-même prétextant que je n’étais qu’un diariste (j’aime pas ce mot, trop proche de « diarrhée »), homme bien incapable de faire un tel exercice. Puis, j’ai échangé avec une fidèle lectrice sur ce sujet, j’ai réfléchi et me suis essayé à une courte lettre de réponse.

La voici :

Cher inconnu,

Je suis à la fois surprise et émue par cette annonce détaillée de nos déplacements parallèles. Quelle étrangeté de se savoir ainsi suivie, épiée peut être, appréciée certainement. Appréciée comme le granizado avec le goût surprenant de mon voyage dans vos mots. Déjà quelques jours que je suis rentrée sur Paris et pour tout vous dire, j’ai croisé votre regard sans percevoir si ces œillades m’étaient adressées. J’étais troublée.

Vous sembliez désespérément seul sous vos lunettes noires. Malgré vos ostensibles huées dont je connais aujourd’hui la raison, vous paraissiez hors contexte, comme étranger à ce vieux Barcelone que j’affectionne. Voilà pourquoi je vous ai remarqué. Oui, Monsieur, je vous ai vu, perçu, senti mais pas abordé. Comment aurais-je pu le faire, comment auriez-vous pu le faire ? Puis, il m’a semblé oublier.

Le reste de mes déplacements ne vous a pas échappé et pourtant, moi, je vous ai perdu. Je ne vous ai pas vu sur la plage, ni même en garçon de café, pas plus aujourd’hui dans le secret du métro. Je me suis égarée, Monsieur. Je vous cherchais sans le savoir. C’était bien vous, sous vos lunettes noires, l’objet oppressant de mes pensées. Alors, je me suis plongé dans le bleu du ciel, de Biarritz à St Malo pour enfin regagner le gris de Paris. Oui, j’ai fait semblant d’aimer. Pourquoi ne pas s’être rencontrés ?

Alors, Cher Yann, si vous me suivez toujours, j’ai acheté un nouveau chien. Si vous êtes encore là prés de moi à guetter les mots que je vous glisse, je ne fais plus semblant d’aimer. Si vous avez envie de marcher à mes côtés dans les allées de Vincennes, nous pourrions faire courir le chien ou tout simplement fumer. J’y serai tous les jours. Je porterai un bustier bleu et une jupe de la même couleur.


Photo : zphotos gene249

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