L'homme de peu IX

4.1.22

IX

De cette vie tu auras consommé
l’ivresse sous des soleils brûlants,
ta peau, palimpseste ouvert
aux mains de la montagne,

seule à déchiffrer les ratures,
l’oscillation de tes errances
sur une terre de silence partagé.
On y lit tous les mots

que tu n’auras jamais dits,
la carte de ton chemin
dans le brouillard des vallées,
le parcours de ton âme

leurrée par la gaieté du vin
et ses vapeurs lourdes.
Une absence creusée dans la peau
qui toujours parle au souvenir,

dans le gloussement de l’eau
au sortir des sources claires,
dans les branches de chênes
quand le vent imite ton souffle,

sous les poutres des caves
où claque le flacon de vin
au saut du bouchon de liège,
une complainte profonde

dont la nature toujours se gorge.

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