La femme au balcon XLV

9.5.22

J’en suis là, au bord de la fenêtre, à scruter tes allées et venues. Les doigts sur le clavier à l’affût d’un mot qui bourgeonne. Je t’ai trop vue sur ce balcon égrener les secondes dans des ronds de fumée, parler au téléphone à des gens que je ne connais pas, crier sur tes enfants ou les couvrir d’amour.
La rue se souvient des premiers jours où tu es apparue dans ce cadre que je fais avec mes mains, comme un photographe cherchant la meilleure prise. J’ai écrit sur tous les angles, à la recherche de ce qui achoppe sur nos balcons mais aujourd’hui plus rien ne vient. 
J’en suis là avec mes mots pauvres et ma grise mine qui éclatent sur le rebord d’un rayon de soleil. Un peu fatigué de ton corps qui se courbe comme s’il était le mien. Tu m’as trop fumé et j’ai la tête pleine de poèmes qui ratent.

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