Chère application - 10 juin

10.6.22

Chère application,

Vendredi 10 juin. Je relis des passages de « Agrandissement des détails » de Jean-François Mathé. Poète du minuscule, ici qui passe entre la nuit et le jour. Parfait pour les matins de rien où tout se bouscule à la porte. Où on hésite à faire rentrer trop de pensées à la fois. Comme une cour d’écoliers qui en désordre chahutent avant la sonnerie, on aimerait les voir s’aligner en rang par deux et qu’elles se calment un peu. 
Et Mathé aligne les détails pour créer des ponts entre soi et le reste du monde. C’est le pion au milieu de la cour qui use de modestie et du sensible comme seule autorité. 

Vendredi 10 juin. Je m’aligne terre ciel, tête ciel. Il est encore bleu. Elle est encore pleine. Si les idées ne se rangent pas, je les laisserais à leur désordre. Soyons légers !
« Qu’est-ce qui nous fut aujourd’hui épargné / pour que jamais la légèreté ne se déchire, / armure de rien qui nous protège ? »
Rentrer dans le jour avec ces vers, avec la chance de sourire, avec cette petite armure de papier.  

Vendredi 10 juin. 
« La réalité est un mauvais rêve
qui commence
juste après le sommeil.  »

À demain, chère application. 

(Citations : Agrandissements des détails, Jean-François Mathé, Rougerie 2007)

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