Chère application - 12 juin

12.6.22

Chère application,

Dimanche 12 juin. Il est onze heures trente. Le ciel est lourd de chaleur. J’ai ouvert les fenêtres mais aucun courant d’air ne passe. Une voiture stationnée dans la rue, moteur allumé, ronronne comme un vieux chat. Le conducteur attend quelqu’un, patiente dans l’habitacle climatisé. Ça condense sous le capot et dans ma tête. Un peu d’eau coule dans le caniveau et j’attrape une soif soudaine.
Une verre d’eau plus tard, la voiture n’est plus là. La voisine du troisième descend ses poubelles et crie dans la rue qu’elle va voter. Une nouvelle voiture démarre après avoir embarqué une famille avec sac et serviettes de plage, parasol et glacière. Elle klaxonne. La voisine sursaute. J’ai encore soif.  

Dimanche 12 juin. Ce sera journée de vote et de soif. Mais pas vraiment soif de vote. À moins qu’au dernier moment dans l’isoloir, un candidat à la députation me fasse sursauter en klaxonnant et que je vote pour lui. Je n’ai même pas ouvert l’enveloppe des processions de foi reçue en fin de semaine. J’irai voter à l’aveugle, simplement guidé par des convictions qui ont tendance à ramollir au soleil. 

Dimanche 12 juin.
Saison de soif,
le temps sèche toute pensée.
Touffeur et vertige, le jour peine à mener la danse.
L'esprit incube, pris en tenaille entre
ne rien faire et ne rien faire du tout.
Dans la marge, laisser un mot pour boire.

À demain, chère application.

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