La femme au balcon LV

12.6.22

C’est dimanche. On se donne du repos et du calme. Ce n’est pas vraiment ce que la femme au balcon et son compagnon ont décidé. 
J’entends d’abord un mot plus haut que l’autre. Puis progressivement, ils montent tous très haut. Je suis aux premières loges pour le spectacle. La dispute, drame en un seul acte.
Elle sort sur le balcon, continue à l’invectiver. Lui, j’imagine tout penaud, reste dans la cuisine à tenter de s’expliquer. Toutefois au début. Là, manifestement, ils en sont plus loin. 
La dispute, qu’en est-il de l’intrigue ? Il s’agit de savoir si elle lui avait dit ou pas. Elle est sûre de lui avoir dit. Mais lui dit qu’elle ne lui a pas dit. Mais si. Mais non. (Placer ici des bruits de portes qui claquent) Et ainsi de suite. On a tous été confrontés à ce genre de situation durant laquelle personne ne veut lâcher ne serait-ce qu’un peu de terrain. Quelque chose qui dirait en substance : je ne me souviens pas que tu me l’aies dit. Mais si tu en es sûre, c’est que j’ai oublié.
Mais non, fierté mal placée, orgueil, honte d’être pris à défaut, ça ne vient pas dans ce sens. L’esprit s’embrouille et une fois engagés dans la bataille, il est trop tard pour faire machine arrière. Ça va aller au bout. Au bout de quoi ? On ne sait pas mais ils y vont, quoi qu’il arrive. 
- Mais enfin, si tu me l’avais dit, je te dirais que tu me l’as dit. Quel intérêt j’aurais à ne pas dire que tu me l’as dit ?
- Tu pourrais t’excuser !
- M’excuser de quoi ? Je ne savais pas. 
- Oui bien sûr !
(Revoir les dialogues, c’est un peu répétitif)
Ça tourne en rond à grands coups de « Franchement, c’est stupide », de « Je te ferais dire ». Chacun restant camper sur ses positions, la dispute monte en intensité. Tour à tour, ils se remplacent sur le balcon. Les mots sont violents, les gestes aussi (on avait pensé les montrer le majeur levé puis finalement non). 
Je sors nonchalamment, en me disant que la présence d’un tiers à proximité va les faire redescendre. Et ça fonctionne. Ils se taisent, soufflent un peu, ferment la fenêtre. Fini. 
La dispute, le dénouement en noeud de boudin.  Le silence s’installe durablement. Tous les deux vont bouder et ruminer jusqu’à la fin de la journée, au mieux.

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