Chère application - 15 juin

15.6.22

Chère application,

Mercredi 15 juin. Je forme cette semaine ma remplaçante. Une jeune femme pas plus âgée que mes filles. Ça pousse vers la sortie. La relève est là. Mais surtout, la demoiselle du haut de ses vingt-cinq ans est bardée de diplômes. Licence, master. Et je ne peux m’empêcher de penser qu’avec toutes ses études pour un job si peu valorisant, il lui en faut du courage. Elle a bien entendu le temps d’évoluer, de trouver un emploi à la mesure de son parcours scolaire. Mais tout de même, je me souviens du discours que l’on tenait, que mes parents tenaient : poursuis tes études et tu auras meilleur travail, meilleur salaire. Eh bien non, c’est loin d’être automatique. 

Mercredi 15 juin. J’ai poursuivi mes études, il y a longtemps, et je n’ai jamais réussi à les rattraper. Pas de hautes écoles ni de sésame pour accéder à de prestigieux emplois. Mon parcours professionnel est un organisme vivant autonome qui s’est frayé un chemin tout seul, sans moi. Sorte de tardigrade qui s’est adapté aux variations les plus extrêmes de la vie. J’y suis pour rien. Il aurait pu faire mieux mais j’en ai jamais être maître. Poursuis ton travail et… rien, tu auras poursuivi ton travail, pas plus. 

Mercredi 15 juin. 
Travaille à l’école 
Fais tes devoirs 
Montre-moi ton cahier de texte
Pense à réviser pour demain
Mais respire d’abord. 

À demain, chère application.

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