Chère application - 16 juin

16.6.22

Chère application,

Jeudi 16 juin. J’aime regarder les fenêtres qui s’ouvrent, s’éclairent, font apparaître silhouettes et ombres. J’aime quand elles claquent ou se balancent au vent et courants d’air. J’aime les rideaux pris dans les charnières qui volent comme des drapeaux sur les murs. J’aime les balcons, ces sas à ciel ouvert dont on ne sait jamais vraiment s’ils sont prolongement de l’intime ou petit théâtre de rue. J’aime le calme sur les toits du petit immeuble d’à-côté, mer de tuiles qui jamais ne s’agite. Les objets déposés là depuis toujours : un ballon perdu, un linge emporté par le vent, parfois même une chaussure orpheline ou toute autre chose incongrue qui interroge le regard. J’aime le silence de la rue après le bruit des autos ou juste avant le rire d’un enfant ; c’est sa rareté qui en donne la plus belle écoute. 

Jeudi 16 juin. J’aime le bruit des pas dans l’escalier, le glissement  des mains sur la rampe, la halte du vieux monsieur du troisième qui souffle un peu sur mon palier avant de reprendre son ascension. J’aime le bruit des clés du voisin qui cherchent la serrure à environ vingt-trois heures, tous les soirs. Cela signifie qu’il rentre de son travail, c’est le soulagement à l’approche du repos, le signal que mon voisin va dormir, que je ne vais pas tarder non plus. J’aime le claquement sec du système de minuterie dans le couloir. C’est l’éclairage des communs qui s’éteint seul, la disparition du trait de lumière sous ma porte. C’est surtout la nuit que j’aime regarder et écouter. 

Jeudi 16 juin. 
Réveil en forme de secret 
qui dans la nuit aurait fourbi
armes et passions - un rêve 
qu’il faudra écouter tout le jour. 

À demain, chère application.

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