La femme au balcon LVI

18.6.22

Il y a une rose posée sur le balcon du second étage. Seule parmi des plantes sèches qui ont trop sué au soleil. Elle est fausse sinon elle serait fanée. 
Au premier, le balcon désespère, boit l’eau des fleurs un peu rance qui coule à petites gouttes d’un nouveau pot de fleurs jaunes. La femme au balcon l’a installé ce matin sur un gros rondin de bois qui auparavant accueillait son cendrier. Le cendrier est par terre maintenant avec ses mégots plantés en hérisson. Les balcons face à moi sont peu soignés, en général. Peu de fleurs, ni d’arbustes entretenus. Le mien ne l’est pas plus. Rien dans cette rue n’attire fleurs ou verdures. On doit se dire que chaleur et pollution ne feraient pas bon ménage avec des plantes. Trop de carbone. Trop d’air lourd, de pensées enfermées, d’œillets à nos cœurs, de fermetures dans nos yeux. 
Alors, il y a les fleurs roses ou jaunes. Vraies ou fausses pour mettre une touche de couleur comme une tentative désespérée d’égayer, de poser un soupçon de fraîcheur quand la femme au balcon, tout juste réveillée, sort enfumer la rue.

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