Réalité crue

18.9.16

Loin des appeaux du monde, couchée dans un coin de la tête, à remâcher l’enfance dans une pogne de daron, une réalité affleure gonflée de la surprise de toucher l'impalpable. Ce qui ronge, ce qui démet est là planté, hologramme vivant de ce qui ne peut être représenté.  Devant des yeux sans paupières, écarquillés jusqu’au saignement des sens, une vérité s’émeut, passe entre les interstices d’une vie frelatée, éclaire d’une lumière sans ombre les angles morts. Elle est crue, manifestation chimique de petites peurs agglutinées, délire d’insomniaque ou apparition d’une folie séculaire qui touche les hommes qui osent épier leur vertige. Elle danse, farouche et insaisissable, dépeint le monde qu’aucun mot ne touche. Brute et vierge de toute pensée, de toute vertu, de toute morale, elle disparaît aussi vite qu’elle est apparue ; floue et vaporeuse, elle est rattrapée par la cabale des visibles, noyée dans les apparats d’une existence qui ne se laisse pas éprouver. Elle est bue comme un leurre de plus, un subterfuge des peaux qui se frottent, comme les silex donnent le feu, alors qu’elle est l’oracle originel, la vie telle qu’elle devrait être vue. 

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