Il n’en faut pas plus

6.8.20

La grande porte en bas du bahut est l’embouchure d’où se déverse le fleuve des enfants qui sortent de classe. 
Ça sent la marée dans la cour : de la transpiration de craie, de gommes et de colle, des petites lâchetés sous les tables, des sourires gênés et des grosses flambées sur les joues mais aussi on sent de belles rivières fraîches qui s’écartent du fleuve avec leurs petits groupes rangés par affinités, les plus grands qui toisent les petits, les gros caïds qui font face aux filles effarouchées, ou bien l’inverse. 
Il n’en faut pas plus à cette évocation pour rejoindre le banc sous le préau, celui qui se cache sous l’ombre des arches, à l’abri de l’eau qui fait des vagues, loin du limon qui nous colle aux pieds ; il n’en faut pas plus à cette évocation pour que revienne le souvenir du premier baiser.

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