La femme au balcon XXIV

8.3.22

Il faut bien l’avouer la plupart du temps le balcon est vide. Comme tous les autres balcons de l’immeuble d’en face. Les garde-corps rose foncé qui les entourent gardent les corps bien à l’intérieur. On voit bien, de passage à travers les fenêtres, quelques silhouettes trembler mais des appartements, de ce qui s’y trame, rien ne dépasse. 
Il faut bien l’avouer, la plupart du temps, c’est l’absence qui est la plus présente. Balcons vides avec leurs traces anciennes, leurs vestiges que l’on a sortis car ils encombrent le dedans. Vieilles boîtes, poubelles, gros cendriers, vieux aspirateurs décatis, plantes sèches, morceaux de meubles qui fondent sous les pluies. Tout ce qui gène ou ne trouve pas de place ailleurs est déposé là, donné en offrande à la rue. L’absence dans ces rebuts montre tout de même que derrière les fenêtres, il y a bien une vie calée dans son empilement de solitudes. Alors évidemment quand s’ouvre une fenêtre, qu’un corps s’expose, c’est comme une renaissance. Comme si, pour un instant, on rhabillait de propre les balcons.



Dans le même tiroir