Chère application - 20 septembre

20.9.22

Chère application,

Mardi 20 septembre. La rue perd la mémoire. Je la vois se gratter la tête. Les balcons en sont tout décoiffés. Les toits regardent ailleurs, à travers le vert-de-gris. La rue perd la boule. Elle roule dans les caniveaux à la recherche de son passé. 

Mardi 20 septembre. Le vieil homme du troisième ne reconnaît plus la rue. De vieux chars tournent dans ses souvenirs. Des chenilles d’acier tracent la route de ses pensées ; surtout le soir lorsqu’il entend les sirènes du couvre-feu. La rue ne se souvient de rien. Le bruit des bottes résonne encore dans la tête du vieux monsieur. La mémoire gratte les toits. Ils en sont tout décoiffés. 

Mardi 20 septembre.
Gravé sur les murs de la ville ou enseveli dans les caves sourdes au fracas des canons, le passé doit se taire. Il ne faut pas que la rue se souvienne.

À demain, chère application.

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