Le miroir des autres 15

13.12.22

La nuit a des lettres lumineuses dans les cheveux. Je me lève, les cueille une à une. Les assembler formera des prénoms, des noms. Le nom des autres. 

La nuit s’enfonce dans le lavabo. S’évacue par la bonde. Laisse un matelas de cheveux blancs. À la surface, les lettres remontent, résidus du tamis du rêve.

La nuit n’est plus. Les lettres se resserrent pour échapper à l’évacuation de la mémoire. Les autres s’écrivent sur le miroir : Philémon, Théophile, Arsène, Arthémise, Conception, Fleurine, Cunégonde… Je n’arrive pas à lire le dernier prénom. Je ne veux pas lire le dernier prénom. De l’eau chaude sort du robinet. A grands jets. Le miroir s’embue et les prénoms disparaissent.

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