Conter sur soi #VasesCommunicants par co errante

3.8.12


Conter sur soi

L’histoire en a assez. Elle ne peut plus se voir en peinture, ne se supporte plus écrite ainsi.

L’auteur a fait d’elle quelque chose d’épouvantablement niais, qui rassure les parents sur sa bonne moralité et fait peur aux enfants. Une histoire de princesse, de loup, de chemin tout droit à suivre sinon… bref, cela fait des siècles qu’elle se déplaît, se morfond dans son coin, qu’elle rend ces mots par les pages.

La convocation par les lecteurs à toute heure du jour et de la nuit lui est de plus en plus insupportable. Ce soir encore, elle regarde ses vilaines phrases sortir des grandes bouches, les pouces suçotés par les plus petites bouches, les grosses mains s’agiter et les yeux innocents s’agrandir.

C’est décidé, elle va agir.

Au petit matin, les images sont floutées, les mots cryptés et la sempiternelle « fin » gommée pour toujours. Les petits ont des pages pleines de rêves. Et bientôt, les grands se laisseront conter ce qu’ils n’ont jamais entendu.

L’histoire ne se répètera plus.

L’histoire est libre.

co errante

Premier vendredi du mois, c'est #VasesCommunicants. Plaisir aujourd'hui de recevoir l'auteure du blog Le démotoir qui écrit sous le pseudo évocateur de "co errante". Vous trouverez chez elle mon texte intitulé Tube.
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